Les Frères Sisters : Un Western qui ne fait pas parler que la poudre

La nuit, un néant qu'on appelait Far West, zébrait par les éclairs de coups de feu mais également par les voix rauques de quelques fous qui survivent et meurent dans ce milieu hostile. Le ton est donné, Jacques Audiard nous livre bel et bien un western, le cahier des charges est rempli : des paysages aussi désertiques que grandioses, des chevaux, de la poussière, de la poudre et des mots...Des mots ?

Oui des mots, et c'est là que ce film se distingue ; il est verbeux. Les personnages se livrent entre deux massacres, ils essayent d'entretenir un semblant de société dans ce monde des plus sauvages. Les mots se précipitent, parfois maladroitement, c'est que le temps est compté avant que la violence finisse par les rattraper et les réduise au silence. Autant avoir la langue pendue avant le cou.

Alors des fois le Grand Ouest devient le théâtre de scènes intimistes, un véritable huis-clos au grand air. On suit ces pauvres bougres déboussolés en ligne droite, on rit, on frémit, on hausse un sourcil. En effet, cette première réalisation américaine n'est pas exempte de défauts ; des personnages gravitant autour des deux frères manquants de profondeur, des choix scénaristiques déroutants.

Mais c'est sûrement la force des Frères Sisters ; il nous laisse un peu comme ses protagonistes (sublime Joaquin Phoenix notamment) : paumé et bouche bée.