Mystic River: le meilleur Eastwood
- Rat Des Villes
- 9 nov. 2018
- 2 min de lecture
Clint Eastwood est un mythe, tout autant légendaire en tant qu’acteur que réalisateur, ce monsieur aura marqué l’histoire du cinéma, franchissant les années comme les genres. Dès lors, isoler un film de cette immense carrière relève du blasphème mais je me lance dans l’hérésie et avant de filer au bûcher, laissez-moi vous parler de son chef-d’œuvre : Mystic River

Boston, dans un de ces quartiers de la middle class américaine qui ressemble à tant d’autre, trois gamins traînent leur ennui dans leur pâté de maison. Ils aperçoivent une dalle de trottoir fraîchement posée, la tentation est trop forte et voilà le bitume fièrement signé de leurs initiales. Une bêtise sans gravité pourtant, une voiture de police arrive à leur hauteur. Deux policiers à l’allure peu avenante sermonnent les gamins. Il y a une tension que l’on ne devrait pas ressentir, un début de malaise. Et puis, les deux hommes embarquent l’un des gosses, comme ça. Interdits, les deux autres voient leur camarade s’éloigner. Il ne sera retrouvé que quatre jours plus tard, il aura survécu mais à quel prix ?
Dès l’incipit, le film nous prend et ne nous relâchera plus pendant plus de deux heures. Car la réalisation d’Eastwood tient de l’épure, de la maîtrise absolue de son sujet, le récit est clinique sans être froid, on pourrait parler de naturalisme tant la fiction semble réelle. Le spectateur n’est plus cet observateur distant, il devient un témoin impuissant des événements, à l’instar des deux enfants restés sains et saufs.
L’histoire reprend vingt-cinq ans plus tard, les chemins des trois amis ont divergé, mais un drame va à nouveau les voir se réunir ou plutôt se confronter. Car il est écrit que le courant même le plus fort ne peut arracher au lit d’une rivière ses limons les plus lourds, que la Mystic river sera le théâtre de ce passé que l’on croyait loin derrière mais qui finit toujours par refaire surface avec d’autant force.
C’est l’histoire d’un funeste hasard, cela aurait pu être un des deux autres ou peut-être que rien n’aurait pu empêcher cet enfant d’être emmené par ces deux hommes. Que les quatre jours de séquestration furent finalement vingt-cinq années, que tous les trois montèrent à l’arrière de cette voiture.
Mystic River n’est pas le film le plus engagé de Clint Eastwood, ni le plus personnel. Il est bien plus grand que ça, car c’est peut-être le seul qui a su s’affranchir de l’ombre de géant de son géniteur.
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