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Les 8 Salopards: Mon gros boudin noir

Chronique de la seule fois où j'ai réellement envisagé de quitter la salle de cinéma. Au prix de la place, autant dire que j'ai guère apprécié le visionnage...



Autant le dire tout de suite, je ne suis pas le plus grand fan de Tarantino, néanmoins, j’ai visionné l’ensemble de sa filmographie et lui reconnais un talent incontestable pour l’écriture de dialogues et de scènes iconiques. Après, le personnage a aussi ses défauts, comme à mes yeux, l’obligation que tous ces films se terminent dans un bain de sang, ce qui peut, vous le concéderez, nuire grandement à l’effet de surprise.


Ainsi, avant d’aller voir ce film, j’avais une certaine appréhension, encore un western, encore Samuel Lee Jackson dans une tenue aux teintes jaunes rappelant Kill Bill, et une durée proche des trois heures. Pour me motiver, j’essayais alors de m’accrocher à certains aspects encourageants, la présence d’Ennio Morricone pour la bande son et l’idée séduisante d’un huis-clôt dans une petite auberge cernée par le brouillard. Et je le dis sans détours, j’ai été déçu sur toute la ligne et mes craintes se sont confirmées au-delà même de ce que je redoutais (ou espérais diront les mauvaises langues).


Tout d’abord, trois heures c’est long, trop long, l’ennui pointe le bout de son nez dès les premiers instants (hormis le générique d’intro signé Morricone qui est très réussi), la rencontre des quatre premiers salopards traîne en longueur, les dialogues sont faiblards, le fait que la réputation des personnages les précède systématiquement est pour le moins agaçant. On est soulagé lorsqu’au bout de plus d’une heure, ils arrivent enfin à l’auberge. Mais c’est là le début de la fin.


Le spectateur naïf que j’étais s’attendait à retrouver la tension étouffante qui caractérisait la scène du bar dans Inglorious Basterds, que nenni. Cette réunion de personnages pour le moins énervants voire insignifiants (mention spéciale à Michael Madsen et son interprétation bouleversante d’un dur à cuir à la voix éraillée), tourne rapidement au vaudeville emoglobineux. Le point critique du film arrive lors du très inspiré monologue de Samuel Lee Jackson (d’où est tiré le titre de cette chronique) qui raconte sa drôle de façon de torturer les anciens sudistes (il faut néanmoins reconnaître l’étendue du vocabulaire phallique de ce cher Tarantino). Le point de non-retour a été atteint et c’est une longue descente aux enfers qui nous attend pendant pratiquement deux heures. Les incohérences se multiplient et par pur plaisir sadique, je vais en relever quelques unes :


- La tenancière qui est afro-américaine comme l’ensemble de son personnel ne tolère pas les Mexicains, certes, mais alors pourquoi laisse-t-elle entrer Bob le mexicain avec son accent reconnaissable entre mille ? Et surtout comment se fait-il qu’un ancien général confédéré, raciste ultime, soit tranquillement en train de jouer aux échecs avec le mari de ladite tenancière ? Really Quentin ?

- Pourquoi au lieu de s’attacher à la provenance du ragoût, Sherlock Jackson, ne s'est-il pas demander pourquoi, alors qu’il y avait déjà un attelage à son arrivée, il n’y avait pas l’ombre d’un seul cocher dans cette auberge ? Non mais c'est sûr que baser un twist sur un ragoût ça en jette plus ! Seriously Quentin ?

- Pourquoi donc le film se termine comme un buddy-movie entre un chasseur de prime noir et un sudiste pur-jus qui n’a pas arrêté de le rappeler tout au long du film ? Non mais il faut les voir pendre tout sourire l'autre diablesse, ça ''noue''' des liens pas vrai ? Come on Quentin !


A ce ragoût scénaristique, on peut rajouter une violence grotesque et ridicule, je sais c’est la marque de fabrique de Tarantino, mais je trouve que le coup des vomissements à répétitions, des têtes qui explosent avec leur lot de cervelles répandues, fait plus que friser le mauvais goût.

Mais aussi, la narration est pour le moins perturbante, les flashbacks sont mal amenés et nuisent à l’effet de surprise et annule toute tension (la présence de Channing Tatum dans l’auberge est révélée d’un coup et on a presque l’impression que c’était un moyen pour Tarantino de se sortir d’une impasse), et cette voix off qui apparaît et disparaît semble refléter une faiblesse de la réalisation. En plus, la musique d’Enio Moriconne est bien trop souvent remplacée par un choix de chansons moins inspiré qu’autrefois.


C’est donc, à mes yeux, un véritable échec pour Tarantino, et une remise en question serait la bienvenue, car son cinéma commence de plus en plus à sentir le réchauffé, et les spectateurs sont en droit de déguster un ragoût frais.

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